Manuel Valls a remis la question des roms dans l'actualité, comme dernièrement la question du regroupement familial. Quelles que soient les arrières pensées des uns et des autres, posons calmement le problème et si possible sans le nier.
Qui veut accueillir des roms sur son territoire ? Personne ou presque. Malheureusement leur réputation de mendiants et de chapardeurs les précèdent. Soupçonnés de ne pas vouloir s'intégrer dans la société et de privilégier leur communauté les roms font l'objet d'une discrimination généralisée. Les opinions sommaires et les préjugés négatifs sont légion quand on parle de ces populations (1).
Il est de ce fait difficile de dépassionner un tel sujet et si on y mêle des considérations électorales la cause des roms est perdue. Aucun élu local ne veut risquer son élection pour défendre la cause des roms. La commissaire européenne Viviane Reding a beau jeu de dire qu'il y a 4 milliards d'euros pour les maires français afin de financer des dispositifs d'insertion, la plupart des élus n'en veulent pas. Qui peut justifier vis à vis d'administrés rétifs qu'on va dépenser de l'argent public pour accueillir des populations à problèmes ? Les roms se rendent visibles en étant regroupés dans des bidonvilles indignes. Sans le vouloir, ils donnent une mauvaise image d'eux mêmes. Ils doivent se fondre dans la population pour être mieux acceptés.
Les élus se tournent vers l'Europe et l'Europe se tourne vers les élus. Le cercle vicieux est en marche. La seule solution qui fasse consensus, c'est le retour au pays d'origine. Et pour cela l'argent européen doit aller à la Roumanie et à la Bulgarie pour financer le développement et l'emploi local. Ces deux pays font peu d'efforts pour garder les roms chez eux car ils sont confrontés historiquement au même problème d'intégration. La patate chaude continue à aller de main en main. C'est donc une vraie réflexion sur l'immigration et l'intégration qu'il faut mener. A l'égal de celle qui doit prévaloir avec les pays d'Afrique subsaharienne. L'aide au développement doit permettre d'éviter l'immigration de personnes peu qualifiées. Quand on dit cela est ce qu'on parle comme l'extrême droite ou la droite dure ? Non. Il ne s'agit pas de renvoyer les gens par charters entiers. Les règles européennes existent, nous devons les respecter. Il n'y a pas de citoyens européens de deuxième catégorie, mais il y a des gens qui vivent différemment c'est ce que dit Valls.
Il faut éviter d'appliquer des solutions simplistes a des problèmes complexes. Je crois que nous ferions des progrès si nous parvenions à déconcentrer les difficultés. Laisser les roms parqués dans des ghettos en Seine Saint Denis, à Lille ou à Lyon est une erreur. Enorme difficulté, les roms fragilisés et méfiants ne veulent pas être isolés de leur communauté souvent issue des mêmes villages roumains ou bulgares, ce qui est compréhensible. Après tout, on connait des concentrations d'italiens, de polonais ou de portugais dans certaines villes y compris Achères. Le fait est que ces autres européens n'ont pas de souci à s'intégrer. En ce cas, sans structure d'accueil et sans insertion dans la société, la meilleure solution c'est le retour au pays pour beaucoup d'entre eux, dans le respect des lois et bien sûr des droits des roms. Je n'en vois pas d'autre.
Pour faciliter l'intégration certains pensent qu'il faudrait commencer par répartir les efforts. Mais le principal problème, c'est l'absence de volonté d'intégration de part et d'autre. Pour certaines personnes il est facile de se donner bonne conscience en réclamant une générosité sans bornes. Acceptons l'idée contenue dans la circulaire du 26 août 2012, que sans effort d'intégration, les roms qui ne sont pas citoyens français, doivent être reconduits à la frontière. La loi est claire : au delà de trois mois de séjour, un citoyen européen (rom ou non) doit justifier d'un emploi et de ressources suffisantes pour n'être pas à charge de la collectivité. Valls veut appliquer la loi existante, d'autres voudraient ouvrir les vannes. Mais le tonneau des Danaïdes de la misère du monde ne désemplira jamais. La conclusion méconnue de la célèbre formule de Michel Rocard "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde" ..." mais la France doit en prendre sa juste part" est toujours d'actualité.
Daniel Lattanzio
(1) Pour en savoir plus : "Ceux qu'on appelle les Roms, luttons contre les idées reçues"