Le conseil municipal qui s'est tenu hier soir nous a permis d'exprimer notre avis sur la politique municipale autour de plusieurs sujets majeurs. Pour l'occasion, au delà des prises de position sur le fond des dossiers, c'est aussi l'ambiance et les relations interpersonnelles qui méritent d'être relatées. Il s'agit d'impressions subjectives certes mais qui éclaireront les achérois sur la personnalité et le comportement de ceux qui ont en charge la vie de la cité. Les compte-rendus officiels du conseil municipal ne donnant pas cet éclairage particulier, nous allons tenter de combler ce vide.
Le premier point concernait le vote du budget principal et des budgets annexes, acte politique majeur pour l'année à venir. Alain Outreman a laissé s'exprimer son adjoint aux finances Pascal Fraudin qui a longuement développé une présentation plutôt bien faite et vivante sur les différents budgets. Retenons quelques idées majeures : pas d'augmentation des impôts locaux, recours à l'emprunt pour financer les 2M€ d'investissements supplémentaires que la municipalité veut engager, augmentation sensible des recettes et des dépenses de fonctionnement malgré le manque à gagner de la réforme de la taxe professionnelle, frais de personnel en hausse liée à l'ouverture de la crèche Lucie Aubrac, aucun service supprimé, maintien d'Achères Plage, rénovation (enfin !) des maternelles et du centre de loisirs, programme de voirie, travaux aux CTM, ... et j'en passe. Une succession de chiffres et d'actions pour appuyer le message politique suivant : la ville avance, la ville bouge, la ville investit alors que les temps sont difficiles.
Et pourtant notre groupe ne pouvait pas approuver ce budget. Nous nous sommes abstenus, alors que le groupe de la droite a voté contre. Pour quelles raisons cette abstention qui a suscité la colère à peine rentrée d'Alain Outreman qui ne supporte décidément aucune critique ? Pour un faisceau de raisons très simples :
- Alors qu'elle disait l'an passé en faire une priorité, la ville n'obtient aucun résultat tangible sur la sécurité et n'investit en réalité pas assez dans ce domaine. Elle attend toujours que la police nationale intervienne davantage, ce que nous approuvons mais refuse passivement toute action de police municipale ou étude sur la vidéosurveillance.
- Le budget de la culture n'est pas à la hauteur des besoins. Il est stagnant au moins pour la partie fonctionnement. Julien Chanteau l'adjoint concerné a protesté en disant qu'il était satisfait des moyens qu'on lui offrait. Dont acte. Un petit couplet angélique et bien pensant en prime sur le refus des milices dans la ville, comme si les agents assermentés d'une police municipale pouvaient être assimilés à des justiciers de quartier.
- La part des frais de personnel est supérieure de 9 points à la moyenne (même si Pascal Fraudin a tenté de me contredire à tort sur ce point en séance). Nous n'avons pas le bon équilibre pour que les personnels aient les moyens de travailler correctement.
- Le développement économique est une priorité de la ville dont les résultats mettent beaucoup trop de temps à se faire sentir. Certaines actions annoncées depuis longtemps comme la revitalisation de la ZAC des communes, le développement de l'offre au Chêne feuillu sont toujours au stade d'études, les autres projets sortent lentement de terre, comme au centre ville.
- Le manque d'entretien du patrimoine et de la voirie est un problème qui dure depuis de trop nombreuses années. La ville vient tout juste de commencer à s'en préoccuper sérieusement.
- Aucune action notable pour l'environnement à part quelques mesures gadgets comme l'agenda 21 dont on attend toujours le résultat des premières études.
- Une interrogation sur la nature des nouveaux emprunts souscrits, spéculatifs ou classiques, toxiques ou non ? Non bien sûr, dira M. Fraudin en séance. Nous avons pris acte.
En résumé, une action municipale dont nous partageons partiellement les orientations mais pas les modalités d'exécution et les équilibres. Donc une abstention logique. Mais violemment contestée par le maire qui nous reprochera de ne pas voir le fort développement économique en cours, et de ne rien dire sur le contexte, sur la forte crise qui frappe le pays - j'ai cru entendre Sarkozy qui avance souvent des arguments contradictoires - bref sur la difficulté de l'exercice. M. le maire devrait se rappeler que les recettes de la ville sont en croissance sensible, car il a augmenté les impôts l'an passé, car les bases fiscales augmentent, que l'état et les partenaires contribuent largement au financement croisé des projets municipaux. Alors crise, oui bien sûr, mais pas pour tout le monde, ce n'est pas perceptible dans les finances de la ville. La preuve, aucun budget n'est en diminution.
Marc Honoré pour l'opposition de droite a tenté de dire des choses comparables en évoquant justement ces financements croisés qui prouveraient que le désengagement de l'Etat n'est pas aussi manifeste, mais malheureusement pour lui il confond allègrement l'Etat et les collectivités territoriales. En fait, beaucoup de concours et de subventions viennent du département (le CDOR) et de la région, et donc pas de l'Etat. Au lieu de remarquer cette confusion, M. le maire a préféré piquer une colère pour pointer d'autres légèretés de M. Honoré concernant des dépenses superflues selon lui comme le mur d'escalade, trois fois rien, mais surtout la maison de l'emploi ! Autant Marc Honoré a pu avoir raison sur d'autres questions comme sur l'absence de marges de manoeuvre financière de la ville, autant sur le financement de la maison de l'emploi il a pataugé pour expliquer que les services actuels suffisaient à faire le travail et que 3 ou 4 M€ dépensés pour ce projet n'étaient pas justifiés. Les financements ne sont pas confirmés à ce stade, mais surtout il est inutile de chercher des poux dans la tête à la mairie sur un projet favorable à l'emploi. Comme M. le maire veut toujours avoir le dernier mot et ne m'a pas redonné la parole, je ne suis pas intervenu sur la question. Tant pis pour lui, j'aurais été d'accord avec lui.
Au final, un budget adopté par la seule majorité municipale, sans surprise et quelques "méchantes" prises de bec dont certaines s'apparentaient pour l'essentiel à des problèmes d'ego. Alors qu'il aurait été important de marquer quelques orientations fortes, on a découvert un saupoudrage de dépenses tous azimuths. Sur le plan du comportement, il est regrettable que M. le maire incapable d'accepter la moindre critique, se laisse aller à des remarques déplacées sur la personne de ses adversaires politiques et en même temps multiplie les minauderies et la complaisance avec Mme Jaunet, leader de l'opposition de droite, opposition très "soft" il est vrai. L'assemblée municipale n'est pas un terrain de jeu où on ne contrôle pas ses colères. Passons. Je reviendrai plus tard sur les autres sujets importants de ce conseil : l'adoption du plan global d'aménagement de la plaine d'Achères et l'acquisition des terrains de la ville de Paris pour l'exploitation du sable.
Daniel Lattanzio