Alors que le chômage sur le plan national atteint des sommets tout en connaissant une décélération, une majorité des syndicats de PSA vient de signer un accord de compétitivité avec la direction de l'entreprise. Les salariés consentent de nouveaux efforts sur les salaires et sur le temps de travail en contrepartie du maintien des sites de production jusqu'en 2016.
On se souvient que PSA, en grande difficulté en raison du recul du marché automobile européen, a déjà annoncé la fermeture de son usine d'Aulnay-sous-Bois d'ici mai 2014. Le constructeur français a un grand besoin d'argent frais et des mesures de recapitalisation sont à l'étude passant par des cessions d'actifs à des investisseurs espagnols (plutôt que chinois comme on l'entend trop souvent) à qui la moitié de la filiale bancaire serait vendue. L'Etat entrerait à hauteur de 1,5 milliard d'euros au capital. Point important : la famille Peugeot perdrait le contrôle de la majorité du capital. Combattre le monde de la finance sous son angle prédateur passe par là : empêcher la casse de notre outil industriel.
Maintenir un de nos deux champions automobile sous pavillon français est-il nécessaire pour donner du sens à la politique industrielle ? C'est le cas même si, selon moi, l'essentiel est de conserver les centres de décision au sein de l'Union Européenne, notre frontière de demain. Il y a longtemps que les groupes mondiaux ne raisonnent plus national mais continental. Pour autant il faut que l'Union Européenne comme le dit Arnaud Montebourg se montre à la hauteur.
La France, que l'on présente trop souvent comme un pays bloqué par ses conservatismes et ses archaïsmes, est en train de réaliser une mue profonde au niveau de la compétitivité. Depuis trois ans selon une étude Rexecode, le pays cesse de perdre des parts de marché sur le plan du commerce international. Les raisons de ce redressement : les mesures prises sur le crédit d'impôt recherche, les pôles de compétitivité et plus récemment la création de la Banque Publique d'investissement ou le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE).
L'opinion ne perçoit pas encore concrètement les résultats de la politique menée et ce à raison si on se contente d'observer les chiffres au mois le mois. Mais c'est un phénomène courant en économie de constater un décalage de six mois entre l'amélioration des résultats et la reconnaissance par le grand public de la réalité du redressement.
C'est la raison pour laquelle dans un environnement saturé de mauvaises nouvelles, il faut saluer et souligner les efforts des acteurs de terrain. Les syndicats de PSA et l'entreprise abordent en responsabilité les contraintes du marché automobile mondial et l'Etat assume son rôle en organisant la recomposition capitalistique de notre champion national.
Daniel Lattanzio